Enseigner au-delà du manuel scolaire

Daniel Oster est professeur de biologie senior au sein du Conseil scolaire du district de Toronto, mais son rôle dépasse largement le cadre du laboratoire de sciences. Il est également entraîneur de natation, souffleur de verre, cycliste, adepte du crossfit et père de deux filles. Depuis 2005, il est chef de groupe du Prix Canada, qu’il utilise pour être au service des jeunes à risque et redéfinir ce que peuvent être l’apprentissage et la croissance pour les élèves.

En reconnaissance de son engagement de longue date en faveur du développement des jeunes et de l’engagement communautaire, Daniel a reçu la Médaille du couronnement du roi, une distinction nationale qui récompense les Canadiens ayant apporté une contribution significative à leur communauté et au Canada dans son ensemble.« J’ai commencé dans une école alternative, West End Alternative, où de nombreux élèves avaient été déplacés ou expulsés de leur école d’origine », explique Daniel. « Nous avons utilisé le Prix comme un cours de leadership. Les élèves ont travaillé sur tous les piliers : définition d’objectifs, service, activité physique, développement des habiletés et voyage d’aventure dans le cadre du programme scolaire. »

Un outil d’engagement et de réflexion

Dès le début, Daniel a considéré le Prix comme plus qu’une simple activité parascolaire ; c’était une structure qui stimulait et nourrissait les élèves en même temps.

« Cela m’a aidé à atteindre mes objectifs en tant que nouvel enseignant, à faire sortir les enfants de la ville, à leur faire voir les choses différemment, à les pousser à se dépasser. Beaucoup d’entre eux n’avaient même jamais quitté le 416 à Toronto. Il était donc très important qu’ils acquièrent cette nouvelle perspective. »

Faire de la place pour tout le monde

Les classes de Daniel ont toujours été diversifiées, et il s’efforce délibérément de rendre le Prix significatif pour chaque élève.

« L’inclusivité fait partie intégrante de ma façon de gérer le Prix. J’ai toujours travaillé dans des écoles où les élèves venaient de tous les horizons », dit-il. « Le féminisme autochtone est au cœur de mon enseignement. Je remets en question les récits qu’on nous demande de transmettre et j’essaie de les remplacer par des récits qui reflètent les enfants avec lesquels je travaille. »

Il s’efforce de faire du Prix quelque chose auquel chaque élève peut s’identifier. « Cela signifie remettre en question les noms que nous glorifions dans le programme scolaire et trouver ceux qui sont pertinents. Cela signifie également veiller à ce que les élèves puissent se reconnaître dans le Prix. »

Quand de petits moments deviennent de grands changements

L’impact du Prix n’est pas toujours immédiat, mais Daniel a pu constater ce qu’il peut accomplir au fil du temps.

« Il y avait une personne à West End qui a participé au Prix. Elle a pris part à toutes les excursions. Aujourd’hui, elle est enseignante en Thaïlande. J’aime à penser que le Prix y a contribué. »

Un autre moment qui l’a marqué s’est produit lors d’une excursion en canot vers les îles de Toronto. « Nous passions la nuit en ville. On pouvait littéralement voir la Tour CN. Mais pour une élève, cela restait complètement hors de sa zone de confort. Elle était dépassée, mais finalement, elle est restée et a rejoint le groupe. J’espère que le fait qu’elle ait été acceptée malgré sa peur l’a aidée à grandir. »

Le mentorat au cœur du programme

Le parcours de Daniel avec le Prix a été façonné par des mentors qui l’ont aidé à traduire son expérience en matière d’éducation en plein air en un programme adapté à ses élèves.

« Le Prix repose entièrement sur le mentorat », explique-t-il. « En observant comment d’autres utilisaient le Prix pour impliquer les jeunes, j’ai compris comment donner aux élèves une raison d’être fiers. »

Il a poursuivi cette approche en encadrant à la fois les élèves et leurs évaluateurs. « J’envoie maintenant des courriels contenant des conseils sur la manière de guider les élèves vers des objectifs SMART. C’est ce type de mentorat doux et coopératif que j’essaie de mettre en place. »

Briser les barrières

« Nous trouvons des moyens de faire fonctionner le Prix à moindre coût. Je suis moi-même certifié pour diriger des excursions, nous n’avons donc pas besoin de faire appel à des tiers. Nous avons organisé des excursions Bronze pour 20 dollars, consistant simplement en une randonnée dans la vallée de la Rouge. »

Daniel poursuit : « Certains élèves sont très occupés. Ils ne veulent pas avoir à rédiger des rapports supplémentaires ni à réfléchir. Mais si nous intégrons cela à leur portfolio d’écriture ou si nous le relions à quelque chose qui les intéresse déjà, cela devient plus significatif. »

Parentalité inversée

Lorsqu’on lui demande si le fait d’être père a influencé la manière dont il guide les élèves dans le cadre du Prix, Daniel offre une réponse surprenante.« C’est en fait l’inverse », dit-il. « Je n’avais jamais entendu parler des objectifs SMART avant de m’impliquer dans le Prix. Maintenant, j’utilise ce même cadre avec mes filles, Zoé et Kaia, pour les aider à décomposer leurs grandes idées en petites étapes réalistes. »

Son travail avec le Prix n’a pas seulement façonné son enseignement, il a également façonné son rôle de parent. « Nous avons tous tendance à être un peu ambitieux parfois, et lorsque nous échouons plusieurs fois de suite, il peut être difficile de réessayer. » Je veux qu’elles aient le sentiment qu’elles peuvent toujours commencer par un petit pas vers quelque chose de plus grand. »

Pourquoi il est toujours là

Après près de deux décennies, Daniel dirige toujours le Prix au Sir Wilfrid Laurier Collegiate Institute de Scarborough. Pour Daniel, le Prix, c’est l’étincelle qui jaillit lorsqu’un élève croit enfin qu’il peut accomplir quelque chose de difficile.

Et cela en vaut largement la peine.

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